On se lance souvent dans l’écriture de son histoire avec une grande motivation : on sait ce que l’on souhaite raconter, et on a une ligne de conduite claire, en général chronologique.
C’est logique, et c’est normal, nous avons l’habitude de lire des biographies écrites « sur » des personnalités célèbres généralement par d’autres personnes.
Ces dernières se réfèrent à des archives et remettent dans l’ordre les informations pour aboutir à ce rendu : début de vie —–> fin de vie, comme dans une classique page Wikipédia.
Dans le récit de sa propre vie, c’est différent.
On peut partir avec cette idée d’un récit parfaitement chronologique, mais notre mémoire est ainsi faite que l’on se retrouve vite face à un entrelacs de périodes, de souvenirs qui font penser à d’autres souvenirs.
Au lieu d’écrire ces souvenirs comme ils viennent, on aura tendance à les noter brièvement et les mettre de côté pour « plus tard, quand on en sera à ce chapitre ».
Or, si ce souvenir émerge à ce moment-là, c’est parce qu’il a une raison de le faire. Il y a un sens à son apparition, et surtout il y a votre cerveau, votre mémoire toute prête à raconter ce souvenir-là à cet instant.

Libérez-vous de ce stress temporel en racontant ce qui vient.
Si ce souvenir d’enfance vous rappelle un événement à Noël, vingt ans plus tard, racontez, écrivez cet événement dans la foulée, sans vous préoccuper de la suite.
En réalité, une autobiographie ne contient jamais « tout », elle contient les événements qui vous ont marqué(e) et que vous trouvez judicieux d’y voir figurer.
Une fois ce récit d’une autre période écrit, vous aurez tout loisir de :
– le repositionner plus tard à un autre endroit de votre récit
– le laisser là où il est pour la fluidité du récit, quitte à revenir en arrière dans la narration ensuite
– le supprimer car finalement vous ne le trouvez pas suffisamment pertinent
Dans tous les cas, je vous conseille de le raconter, de le mettre par écrit au moment où il émerge, car il n’est pas arrivé là par hasard et il a le mérite d’être présent, sans doute plus frais, plus vif dans votre esprit.
En vous y replongeant plus tard, vous le retrouverez mais de façon plus « forcée », moins douce pour vous.

A retenir :
Les récits de vie sont déjà des projets longs et engageants, pas si simples à tenir sur la durée. « Forcer » les souvenirs, aborder des périodes « parce qu’on en est là dans la chronologie » peut vous faire perdre votre énergie et la motivation…
Laissez donc votre mémoire en décider, et vous vous occuperez de la structure du récit ensuite.
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