Dans un récit autobiographique de forme libre, Neige Sinno décrit sa cage.
Celle qui enferme la victime d’inceste pour toujours, l’emprisonne dans une souffrance psychique et physique faite d’allers-retours constants entre l’enfer d’hier et la vie d’aujourd’hui.
Mais quel présent et quel avenir pour ceux et celles qui ont subi cette sorte d’enfer ?
En prenant le taureau par les cornes, en décryptant toutes les facettes de « son » fait divers obscène qui n’est autre qu’un supplice vécu en continu jusqu’à ses 16 ans, Neige Sinno nous donne à voir une vérité qu’on aimerait nier tant elle est sordide, tant elle donne envie de vomir, pleurer, hurler de colère celui ou celle qui la reçoit.
Le pouvoir de son écriture, celui de la sincérité, lui donne tant de justesse et de force, qu’elle parvient à exprimer simplement, clairement ce qui relève de l’indicible pour tant d’autres victimes. Celles qui se taisent et n’apparaissent souvent même pas dans les statistiques tant “leur” secret leur fait honte et les ronge de l’intérieur, tente de se faire oublier en vain.
J’avoue, j’ai eu peur de le découvrir, ce récit. J’avais acheté le livre dès sa sortie en poche, puis l’avais laissé reposer par crainte de ne pouvoir y faire face, justement.
Mais trop tard, il était là, et à Neige Sinno, je lui devais de le lire d’une traite ou quasiment, jusqu’au bout, pour lui offrir au minimum cela : ma compassion de lectrice et mon amour inconditionnel pour elle comme pour tous les enfants qui ont ou auront – hélas – vécu un cauchemar similaire.
Un immense merci à elle pour ce livre-témoignage qui ose courageusement regarder la réalité en face et ce faisant, brise encore un peu plus l’omerta sur ce sujet.