Avant de lire La Maison Vide, le roman qui lui a valu le prix Goncourt en 2025, j’ai eu envie de me familiariser avec son écriture, histoire de me mettre en appétit avant les fêtes…

Sous le sapin, La Maison Vide, le prix Goncourt unanimement salué par les lecteurs, conservera son mystère jusqu’au bout, mais j’aurai au moins déjà goûté au style de Laurent Mauvignier, à travers ses magistrales Histoires de la Nuit aux Editions de minuit (Eh oui, moi aussi je suis sous le charme).
Magistrales au sens littéral, car lorsqu’on aime écrire et lire, cet ouvrage apparaît comme une véritable leçon de narration, de celles qui non seulement nous subjuguent mais nous ouvrent des portes !

Plaisir de lectrice

Ouvrir ce livre, c’est entrer volontairement dans une nuit de cauchemar dont on ne ressortira pas indemne.

Avec ce titre qui rappelle les contes à faire peur de notre enfance, nous sommes prévenus.
En quelques paragraphes, Laurent Mauvignier nous prend par la main et nous ensorcelle, ne nous laissant plus d’autre choix que de lire et lire encore, pour savoir, comprendre ce qui se passe, ce qui est en train d’arriver.

Dans ce thriller psychologique entêtant, l’angoisse et l’horreur s’invitent et s’installent peu à peu dans un lieu isolé, au coeur d’une petite vie de famille en campagne, banale en apparence, mais que l’on devine rapidement bancale et prête à basculer.
Au sein de cet univers à la fois familier et mystérieux, chaque personnage tient sa place, son rôle, connu de lui seul, lui, le maître Mauvignier.
Avec son sens du détail et de la narration, cela lui permet de nous manipuler sans ménagement pour nous balader d’une psyché à une autre, d’une pièce à une autre, d’un point de vue de mise en scène à un autre.

L’art du suspense poussé à ses limites

Mais le plus fascinant dans cette virtuosité de conteur, demeure son art du suspense, de la suspension au sens le plus strict du terme. Chaque phrase, chaque chapitre nous tient en haleine, la bascule pouvant s’opérer à tout moment, mais sans jamais savoir précisément quand.
Car c’est une fois qu’il nous a tenus, nous lecteurs, au bout du bout de notre capacité d’attente qu’il décoche ses flèches et nous plonge dans l’action.    

Je n’ai pas encore lu ses autres ouvrages, mais je ne peux que reconnaître une forme de génie dans l’art du récit de cet écrivain. Et moi qui aime tant les virgules, qui passe mon temps à les supprimer pour des phrases plus courtes dans l’idée d’une efficacité supposée, j’ai eu envie de remercier cet écrivain qui s’autorise les phrases longues et cadencées, sans jamais constituer un frein au plaisir de lecture.

Peut-être son style laisse-t-il certains lecteurs à la porte ? Peut-être certains ont-ils du mal avec cette lecture presque aliénante qui joue sur la frustration, notre besoin de savoir, de comprendre ?
Peut-être y a-t-il un « moment » pour lire Mauvignier (= les vacances de Noël 😉 ?) 
Je ne saurais le dire, car pour ma part, je suis conquise, définitivement.

En dire plus serait gâcher à des lecteurs futurs le plaisir de cette aventure cauchemardesque qui dévoile ses clés au compte-goutte,

Bonne lecture à tous !